GENRE : CONTEMPORAIN
Pièce de
Victor Haïm
Montée par Marcel Bluwal
Avec Danièle Lebrun , Francine Bergé
Nominations Molière 2003
Meilleur spectacle privé
Meilleur spectacle de création
Meilleur auteur : Victor Haïm
Meilleure comédienne
: Francine Bergé, Danièle Lebrun
- Un mot du metteur en scène
Deux personnages se rencontrent sur une scène lors de la première répétition d'une pièce. L'une est actrice. L'autre, auteur
et metteur en scène...
Victor Haïm est un ami.
Il est toujours difficile de dire le bien qu'on pense d'une pièce au public qui va la voir - exercice obligé -, quand en
plus, l'auteur vous regarde du coin de l'oeil avec l'humour de Victor.
Quand, pour couronner la chose, les deux actrices qui vont dire les répliques sont des dames en compagnie de qui, l'une
comme l'autre, on travaille depuis longtemps et qui vont s'échanger les mots et les images avec la virtuosité qu'on imagine.
Racontons simplement que, lorsque Victor m'a dit : "Lis donc ça", j'ai lu et j'ai immédiatement décroché et appelé l'auteur
pour lui dire "oui". Ce qu'a également fait Gérard Maro, le "patron" de l'Oeuvre.
Parce que, chose rarissime, ce texte ne peut être imaginé qu'au théâtre. Qu'il est impossible de le penser en termes d'intrigue
romanesque pouvant déboucher sur un film, un roman, ou au pire, une série télévisée.
La scène lui est indispensable, ce dont il tire toute sa vertu, laquelle, d'après quelques-uns est grande.
J'espère vous faire partager notre conviction.
Marcel Bluwal
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Quelles que soient les opinions émises sur mes pièces, personne n'a pu prétendre que mes dialogues n'étaient pas conformes
à la diction, au rythme, à la respiration et au phrasé des acteurs. Je suis heureux que tous les comédiens m'aient affirmé
que mes textes étaient "en bouche", ce qui veut dire à la fois naturels et théâtraux. Ce n'est pas une honte (quoique !) de
faire en sorte que le dialogue théâtral soit... théâtral. Je fuis comme une maladie contagieuse ces mots qui veulent faire
plus vrai que le vrai et qui séduisent, à la télévision - paraît-il - la "ménagère de moins de cinquante ans".
Lorsque j'écris, je pense rarement à telle actrice, à tel acteur. A la première lecture, la pièce semble facile. Jacques
Mauclair me disait : "Quel piège ! C'est rudement difficile". Et puis, lorsqu'il jouait, il déclarait : "C'est écrit pour
l'acteur !".
Il a monté magnifiquement, dans son petit théâtre du Marais, une de mes pièces, Le Grand invité, que deux critiques seulement
avaient eu la curiosité de venir découvrir.
J'ai écrit un certain nombre de pièces avec deux personnages. Ce n'est pas par souci d'économies. C'est parce que c'est
une gageure formidable. J'aime les duels, et les acteurs qui ont joué mes pièces ont apprécié mes pugilats. Ils me l'ont dit
en tout cas : Michel Aumont et Jean-Paul Roussillon pour Abraham et Samuel ; Danièle Delorme et Robert Hirsch pour La Visite
; Andréa Ferréol et Fabrice Luchini pour La Valse du hasard. Georges Lerminier, observateur très cultivé, très fin, critique
dramatique respecté, a écrit naguère que j'avais une conception martiale du théâtre. Soit. Je ne me force pas... bien que
je sois un peu provocateur.
Le duel de Jeux de scène ne ressemble pas à mes autres confrontations violentes. C'est en fait une comédie inspirée de
tout ce que j'ai entendu de désopilant dans les colloques sur le théâtre, dans les débats; de tout ce que j'ai lu dans les
déclarations d'intention de programmes sur papier glacé, de tout ce que j'ai observé enfin, pendant les répétitions en quarante
années d'exercice.
J'espère que ma pièce sera - aussi - divertissante. Le théâtre de divertissement ne me répugne que lorsqu'il méprise le
public. Le théâtre des exégètes à l'ego surdimensionné m'attriste. Quel théâtre faut-il faire ? Je ne puis répondre à cette
question. Ce que je sais, en revanche, c'est que mon obsession à dénoncer les truqueurs reste intacte, mais que je ne puis
le faire qu'avec la distance d'une dérision et d'une goguenardise qui me sont naturelles. Et qu'on ne vienne pas me parler
de misogynie, sous prétexte que la pièce est ciblée sur deux femmes. C'est ma manière à moi d'affirmer que dans le domaine
de la cuistrerie ou de la légèreté... elles peuvent faire aussi bien que les hommes ! Ca s'appelle l'égalité ? La parité ?
Peut-être tout simplement la liberté.
Victor Haïm
SOURCE : site theatreonline.com